Voici Rubis Svanhilde.

Dernière représentante de sa lignée.

Son objectif de vie est simple : reconstruire le patrimoine familial. Et cela ne s'annonce pas facile !

Physiquement, c'est un joli brin de fille. Mais son côté bourru la fait plus passer pour un "pote" auprès de la gente masculine qu'une éventuelle petite amie. Sûre d'elle, Rubis n'a pas froid aux yeux et est toujours franche. Son côté garçon manqué dissimule une vraie sensibilité artistique et musicale que peu de gens connaissent chez elle.

Ses derniers parents adoptifs, qui l'ont aimé comme leur propre fille, lui ont légué un terrain immobilier. Ce terrain était certes vide, mais c'est mieux que rien !

Ses quelques économies furent vite engloutit dans l'achat du "minimum" vital.

- Bon c'est pas le grand luxe mais on va devoir faire avec... Dit-elle en soupirant.

* Et puis c'est pas comme si j'avais le choix ! *

Le seul objet de valeur qu'elle possédait était une statue.

Cet ultime lègue de la famille Svanhilde avait survécu à la folie dépensière de son père et elle le reçu donc en héritage à sa majorité.

- J'imagine qu'elle doit avoir de la valeur. Cela me serait bien utile en ce moment... 

Elle s'interrompit brusquement.

* Non mais je suis folle ou quoi ?! C'est tout ce qu'il me reste de ma famille ! Hors de question de la vendre ! *

Elle souffla un bon coup pour se détendre puis se mit à réfléchir.

* Première chose : il faut que je trouve un job. Sinon je ne vais pas faire long feu... *

Elle dégaina son smartphone et commença à éplucher les petites annonces.

- Travailler dans les technologies a l'air d'être le boulot le mieux payé mais...

Son regard dévia vers une autre annonce.

- ... il y a cette offre en tant qu'humoriste amateur qui me correspondrait beaucoup plus.

Elle se frotta frénétiquement le menton comme pour stimuler sa réflexion.

* Bon je fais quoi !?! *

Le choix du cœur ou le choix de la raison ? Le doute était oppressant et elle ne savait pas quoi choisir.

- Oh et puis zut ! S'écria-t-elle. Mon travail je vais y passer 8h par jour, 5 jours par semaine pendant 40 ans alors autant que ça me plaise !

Sans plus de cérémonie, elle valida sa candidature.

Satisfaite de son choix, elle scruta les horizons. En attendant de toucher son premier salaire, elle réfléchissait à un moyen de gagner quelques sous. Elle remarqua qu'aux abords de son terrain il y avait des gisements de pierres.

- Ce n'est pas avec ça que je vais faire fortune mais si je peux revendre quelques cailloux...

Sans plus attendre elle se remonta les manches et commença le travail.

 

Cela faisait une petite heure qu'elle piochait quand elle décida de faire une pause.

- Avec ce que j'ai ramassé, je devrais gagner quelques dizaines de simflouzes.

Elle étirait ses muscles endolorit quand une voix chevrotante l'interpella.

- Bonjour jeune demoiselle, vous êtes nouvelle ici ?

Recouverte de terre, Rubis épousseta ses vêtements et répondit.

- Bonjour Monsieur. Oui je m'appelle Rubis et je viens d'emménager... Elle s'interrompt, observe les quelques meubles qui lui servent de campement puis reprend. Enfin... Je vis ici.

- Dans ce cas je me présente, je suis Dennis Kim. Votre voisin. Dit-il en désignant sa demeure de la main.

Rubis se sentait un peu honteuse et avait l'impression de vivre comme une clocharde en comparaison de l'immense maison du vieil homme. Mais celui ci ne semblait pas y faire attention et une conversation amicale débuta entre les deux.

Le fossé générationnel semblait inexistant. Ils discutèrent un bon bout de l'après-midi, de tout et de rien... Du beau temps...

Ils se racontèrent des blagues potaches...

Tant et si bien qu'au bout de quelques heures de conversation, une jolie amitié naquit entre ses deux être que tout oppose.

Cette discussion insolite attira l'attention du voisinage. Plusieurs personnes se joignirent à la conversation ce qui mit Rubis un peu mal à l'aise...

* Mais qu'est-ce que c'est que ces gens qui s'incrustent comme ça ? *

Un peu perdue, elle observa Monsieur Kim qui lui ne semblait pas du tout surpris.

* Bon et bien... Peut être que c'est courant ici et que les gens sont simplement amicaux... *

Rassurée, elle décida de poursuivre la conversation sur un ton enjoué avec ses nouveaux interlocuteurs.

* On a jamais trop d'amis après tout ! *

Ce papotage entre voisins dura jusqu'en milieu d'après midi. Puis chacun rentra chez soi.

Rubis, elle, n'était pas du tout fatiguée. Elle décida de mettre à profit le reste de la journée pour découvrir les alentours. Pour l'occasion, elle changea de tenue.

Bien évidemment, le premier endroit qu'elle voulu visiter était le musée. Elle commanda donc un taxi pour s'y rendre et ne fut pas déçue du voyage !

 

* Cet endroit est absolument magnifique ! Je ne regrette pas d'être venu ! *

La jeune femme avait entendu dire par son chauffeur de taxi qu'il était possible de jouer de la musique ici. C'est donc avec un mélange d'impatience et d'excitation qu'elle fit le tour du bâtiment. Elle tomba rapidement sur l'objet de sa convoitise...

- Oh mon dieu oh mon dieu oh mon dieuuuuuuuuuuu ! Il est absolument magnifique !!! S'écria-t-elle.

Elle trépignait sur place comme une enfant au rayon jouets. Depuis toujours elle avait rêvé d'apprendre à jouer du piano mais malheureusement, cet instrument (beaucoup trop cher pour sa bourse) lui avait été jusque là inaccessible.

Sans attendre, elle se mit à pianoter.

 

Même si le son qui sortait du piano tenait plus du miaulement de chats écrasés que d'un concerto de Mozart, l'apprentie pianiste ne boudait pas son plaisir et joua jusqu'au couché du soleil.

C'est un vigile qui lui demanda de quitter les lieux car le musée fermait ses portes. Contrariée d'avoir été interrompue en pleine session musicale, elle retourna chez elle en trainant des pieds...

- Grbmlmmmml... Grbmlmlml. Grbmlrrllmmml ! Son estomac grondait de plus en plus fort.

* Je meurs de faim ! C'est bien gentil de jouer toute l'après midi mais faudrait que je pense à manger... Il est temps de me préparer un bon petit plat ! *

Aussitôt dit, aussitôt fait. Rubis se mit aux fourneaux. Peu douée en cuisine et manquant cruellement d'ingrédients, elle fit ce qu'elle put et prépara une petite salade.

Même s'il faut bien avouer que la cuisine... C'est pas son truc...

 

N'ayant pas de table, elle s'installa sur son lit pour diner et repensa à la journée mouvementée qu'elle venait de passer.

* Quelle journée ! J'ai décroché un boulot, rencontré plein de gens sympas et fait mes débuts au piano... *

Elle décoinça un morceau de salade d'entre ses dents.

* Et ce Monsieur Kim est adorable... Il a l'air tellement gentil... Il me rappelle mon père adoptif... *

Une petite larme nostalgique coula sur ses joues mais elle s'empressa de l'essuyer.

- Bon c'est pas le tout mais il est tard ! Il est grand temps de dormir ! C'est que je travaille moi demain.

Rubis se glissa sous la couette et n'eut aucun mal à trouver le sommeil. Même si elle était impatiente de savoir ce que lui réservait le lendemain...

 

La première journée de Rubis à Willow Creek avait été plutôt agréable : rencontres, amitiés et musique. Mais il était temps que les choses sérieuses commencent, et notamment le travail !

* Bon c'est pas le moment de faire la grasse matinée ! Ma première journée de boulot commence bientôt ! Alors vite vite on se lève ! *

* On prend une bonne douche pour se réveiller ! *

* Et on se prépare un bon petit déj pour être d'attaque ! *

Rubis s'installa sur son lit pour manger et songeait à sa première journée de boulot.

Sûre d'elle, elle était sereine et même plutôt confiante.

* Dans la description de l'annonce, il était précisé que c'est important pour ce travail de nouer des contacts et de rencontrer des gens. Vu les amis que je me suis fait hier, ça devrait aller. *

Elle prit une bouchée d’œufs brouillés, manqua de s'étouffer... (pas douée la fille), puis reprit le fil de ses pensées.

* J'espère juste que le job d'humoriste ne va pas me poursuivre trop longtemps et que je vais vite pouvoir me spécialiser dans la musique... *

Elle jeta un coup d’œil à sa montre.

- Olala ! Mais je vais en retard ! Allez je file !

...

La journée se passa bien.

Rubis se vit confier quelques missions d'animation. Rien de très palpitant évidemment mais sa blague du "Qu'est-ce qui fait "Nioc Nioc" ? ... Un canard qui parle verlan !" eu un joli succès. Tant et si bien qu'à son retour chez elle...

Elle eu la bonne surprise d'être promue ! Immédiatement, elle profita de cette prime pour s'offrir ce qui lui manquait beaucoup... Une télé et une radio !

* Y a pas à dire... C'est quand même plus sympa de regarder un film en dinant que de regarder les voitures qui passent dans la rue. *

Dans un élan d'auto-congratulation, elle lança à haute voix...

- C'est qui la meilleure ?!

- C'est toi ! Lui répondit une voix familière.

Elle se retourna et reconnut Monsieur Kim qui passait par là.

- Alors ? On a fait sensation au travail aujourd'hui ? Demanda-t-il avec un clin d’œil.

- Et bien euh... Oui ! Mais... Comment vous le savez ? Répondit Rubis.

- J'étais à ton spectacle ! Et ton canard m'a bien fait rire !

Heureuse et flattée que Monsieur Kim ai apprécié son show, elle le prit dans ses bras pour le remercier.

- Merci de m'encourager, ça me fait chaud au coeur !

- De rien ma petite. Dit-il avec un sourire. C'est mérité et je suis fier de toi. 

Ils s’assirent et commencèrent à discuter.

- Et sinon, tu t'en sors ? Tu prend tes marques dans le quartier ? Interrogea le vieil homme.

- Impeccable ! J'espère pouvoir me construire une petite maison rapidement.

- Avec ton succès d'aujourd'hui, tu va vite grimper les échelons et y arriver j'en suis sûr.

Il se leva.

- Sur ce, je ne vais pas te déranger plus longtemps. J'étais simplement passé te féliciter et puis il est tard. Il est grand temps d'aller vous coucher jeune fille ! Lui dit-il sur un ton paternaliste mais affectueux.

- Oui vous avez raison... Mais avant de partir, ça vous embête si on fait un petit selfie ?

Intrigué, le vieil homme ne cacha pas son incompréhension.

- C'est quoi ça un selfie ? Ça se mange ?

- Mais noooon ! Pas du tout. Dit-elle en rigolant. C'est une photo ! 

- Vous les jeunes... Vous avez des expressions spéciales quand même...

- Bonne nuit Monsieur Kim !

- Bonne nuit ma petite.

 

...

Le lendemain

...

*  Bon ! A nouvelle journée, nouveaux défis ! J'ai eu une promotion dès le premier jour, il faut continuer sur cette lancée. *

Elle prit une portion d’œufs et se mit à rêver de ce qu'elle ferait d'une nouvelle prime.

*Un lit plus confortable ?... Un lavabo ?... Une baignoire ?... Raaaaa ! L'idéal serait quand même 4 murs et un toit ! En ce moment il fait beau mais les nuits sont fraiches et j'imagine même pas s'il se mettait à pleuvoir... *

Elle finit son repas à la va-vite et fila au travail.

- Promotion numéro deux me voilà !!!

Malheureusement, la belle motivation de Rubis subit les affres d'un public difficile.

Elle tenta de jouer à la plus fine et le défia mais...

* Bon et bien... La promotion ne sera pas pour aujourd'hui... *

 Déçue, Rubis décida d'aller au musée pour se changer les idées.

* Je vais aller jouer un peu de piano... Ça me détendra et puis, si je veux devenir musicienne, il faut bien que je m'entraine ! *

Rubis oublia rapidement ses tracas de la journée lorsque ses doigts commencèrent à effleurer les touches. Elle n'était toujours pas capable de jouer un morceau correct mais au moins, les chiens du voisinage ne se mettaient plus à hurler en l'entendant jouer.

Elle pianota ainsi pendant une petite heure et remarqua qu'il y avait de l'animation au bar.

* Ah mais je la connais ! Celle avec le pull rose... C'est... Euh... Heum... Raaa ! On a discuté pendant un bon moment dimanche pourtant ! *

Un éclair de génie lui traversa l'esprit.

- Chloé Dupont !!

* Oups ! J'ai dis ça à haute voix ! *

- Oui ? Qui m'appelle ? Répondit Chloé. Ah ! Rubis, c'est ça hein ? Rejoins-nous ! Viens !

 - Les amis, je vous présente Rubis. Elle vit sur le terrain à côté de chez Monsieur Kim.

Soucieuse des bonnes manières, la rouquine salua tout le monde et entama une discussion amicale avec l'une des demoiselles.

- Salut ! Moi c'est Karine. Tu es donc nouvelle dans le coin ?

- Exactement, je suis arrivée il y a tout juste deux jours et je prends doucement mes marques.

- C'est super. Je suis sûre que tu te plaira ici. Dit Karine en souriant.

Les deux jeunes femmes discutèrent un bon moment. Elles se découvrirent même un point commun.

- A l'occasion, je te ferrai découvrir la ville et je te présenterai à mes amies. Je suis sûre qu'elles t'apprécieront !

- J'en serai ravie ! J'ai hâte qu'on se revoit ! Mais je dois filer. A plus ! Rubis s'éloigna en la salua de la main.

- Au revoir !

* J'ai vraiment bien fait de venir. Karine est adorable et je suis sûre que nous deviendrons de bonnes amies ! *

La journée se termina bien mieux qu'elle n'avait commencé. Rubis était ravie d'avoir fait de nouvelles connaissances. Et même si l'amertume de son échec au travail lui était encore en travers de la gorge, elle était plus que motivée à continuer et progresser !

 

Rubis se laissa tomber sur son lit.

Elle soupirait.

Un mois venait de passer et elle se sentait perdue. Ne sachant trop que faire, elle attrapa un carnet, un stylo et commença à écrire...

Cher Journal

Elle esquissa un petit sourire.

* Non mais quand même... J'ai plus 15ans ! * 

Cher Journal

Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait mais ce qui est sûr, c'est qu'elle voulait se confier. Alors elle se lança, se mit à écrire et le premier mot qu'elle ressentit le besoin d'écrire fut celui-ci.

Maman...

Son pouls accéléra, sa main tremblait mais elle avait besoin d'extérioriser certaines choses.

Je sais que c'est idiot. Voir même stupide... "Écrire à une personne décédée". Comme s'il était possible que tu lises ceci... Mais j'en ai besoin alors je ne vais pas tourner autour du pot : pourquoi m'as tu abandonnée ? Pourquoi, alors que je n'étais qu'une enfant, ai-je perdue ma mère ? On dit que l'amour maternel transcende tout et peut soulever des montagnes... Ne m'aimais-tu pas assez pour simplement rester en vie ?

Je n'ai jamais su pourquoi tu as décidé de mettre fin à tes jours... Personne n'a jamais été capable de me le dire. J'imagine que Papa n'a pas dû être neutre dans cette histoire vu la façon dont il a agit par la suite. Mais à vrai dire je m'en fiche. Car quelle qu’en soit la raison, tout ce qui en ressort c'est que tu as détruit l'héritage familial et abandonné ton enfant. Si c'était effectivement à cause de lui, je ne sais pas moi... Tu n'avais qu'à le quitter ! Tu me prenais avec toi et on recommençait tout ailleurs ! Je peux témoigner que c'est possible.

Je t'en veux tellement... Je suis tellement en colère contre toi... Et en même temps...

Sa gorge se serra. Elle ravala quelques larmes et continua son écriture.

En même temps... Tu me manques atrocement. Je n'ai que peu de souvenirs de toi mais ils sont tous beaux, chaleureux et plein d'amour...

Alors... Si me confier à toi via ce stupide cahier peut me faire me sentir un peu mieux, je ne vois pas pourquoi je m'en priverais.

Rubis respira profondément. Rien que ces quelques lignes lui avaient fait du bien alors elle ne comptait pas s'arrêter là.

Je ne sais pas trop par où commencer alors je vais aller au plus simple.

Pas mal de choses se sont passées depuis ma rencontre avec Karine. J'avoue qu'on a pas mal accroché toutes les deux. On s'entend vraiment bien.

 On passe des heures à papoter et à se raconter des ragots :)

On rigole beaucoup.

(Ne me demande pas qui est cette rousse je n'en sais rien !)

Enfin bref, on est devenu très proche.

Un jour, en allant aux bords du lac, j'ai également rencontré une autre personne avec qui le courant passe.

Elle est sympa, rigolote et dynamique. Elle me redonne toujours le sourire et je la vois un peu comme une petite sœur. Et devines quoi ? Elle s'appelle aussi Karine ! C'est amusant je trouve. Pourtant j'avoue que la première fois que je l'ai vu...

Elle trainait avec un groupe de filles... De vraies pimbêches ! Le genre snobs qui pètent plus haut que leur derrière (pour rester polie...)

Je n'ai même pas pris la peine de leur parler. Je sais que c'est pas bien mais franchement j'en avais aucune envie ! Heureusement, Karine semblait aussi peu enclin à côtoyer ce genre de nanas que moi. Du coup elle s'est éloignée et on a pu faire connaissance.

(Elle aussi elle aime bien les ragots. Comme l'autre Karine !)

Toujours est-il qu'avec elle aussi j'ai très vite accroché.

Et elle fait désormais parti des personnes à qui je tiens.

Quelques jours plus tard Karine (la brune avec la coupe au carré, la première que j'ai connue) m'a présenté à son groupe d'amies. Elle m'avait dit qu'elle le ferrait quand on a sympathisé toutes les deux mais je pensais que c'était des paroles en l'air ! Je suis ravie de m'être trompée.

En plus devines quoi !?...

Elle est amie avec Karine (celle que je viens de rencontrer, avec les cheveux courts et le chapeau). Le monde est petit quand même... Je savais qu'elle connaissait Chloé mais ça, je ne m'y attendais pas ! Ah et cerise sur le gâteau... La brune aux cheveux longs, à gauche sur la photo... Ben elle s'appelle AUSSI Karine ! C'est fou non quand même ?!

Mais tu me diras... Le plus important c'est qu'on s'entende bien non ?

Ah et dernière rencontre : Lisa.

Je l'ai remarquée car elle péchait souvent dans le lac juste en face de chez moi. On a commencé à parler pêche. Puis de fil en aiguille...

Nous sommes devenues amies.

J'ai donc une bande de copines qui ont chacune une place dans mon cœur. On a toutes des personnalités différentes mais notre complicité est grande et ça... C'est inestimable.

Du coup, j'ai décidé de les présenter à Monsieur Kim que je considère maintenant un peu comme mon papa (un papa de cœur si tu préfères... Car contrairement à mon père biologique, lui se soucie de moi et de ce qui m'arrive).

C'est très amusant de le voir entouré de nous toutes ! D'ailleurs il n'arrête pas de nous dire "qu'à force d'être entouré de jeunettes, il a l'impression de retrouver ses 20 ans !". Ce qui ne manque pas de nous faire beaucoup rire.

Je les aimes tous. Vraiment. Mais... Comment-dire ?... Quand le soir vient et qu'ils repartent...

Qu'il n'y a plus que moi et mes quelques meubles...

Je suffoque... Je me sens mal...

Comme si j'étais à nouveau abandonnée. Seule et solitaire sur cet immense terrain vague, j'ai l'impression que je vais devenir folle...

Ne te méprends pas hein ! Je serai éternellement reconnaissante à Jacques et Madeleine (ceux qui ont pris soin de moi) de m'avoir donné ce terrain.

Mais je sens bien qu'il manque quelque chose à ma vie...

En attendant de trouver ce que c'est, je ne me laisse pas aller et me donne à fond dans mon travail.

Je bosse ma musique comme si ma vie en dépendait. Au moins ça m'occupe l'esprit et puis c'est très profitable à ma carrière ! Je réussis plutôt bien en ce moment. Pour preuves...

Mais aussi...

 

Y a même un jour, alors que je faisais la première partie d'un concert, où le bassiste à voulu faire son kéké !

Mais il ne savait pas à qui il avait à faire ! Je me suis mise à jouer avec lui et...

... Ça a été un concert du tonnerre ! Mon boss a tellement été impressionné que j'ai été immédiatement promue.

Je suis maintenant une musicienne à part entière ! J'en suis fière. D'autant plus que créer des jingles me rapporte des sous...

Ces rentrées d'argent tombent à pic. En plus des primes que j'ai eu, le tout m'a permit de commencer à me construire un petit nid douillet.

Évidemment c'est pas encore une somptueuse villa...

Mais au moins j'ai un toit sur la tête et surtout, une intimité ! J'en avais marre de faire pipi en plein air... Je commence à avoir un vrai "chez moi".

Il n'empêche...

Me coucher seule tous les soirs, n'avoir personne à qui souhaiter "bonne nuit" ou pour me dire un simple "bonjour" le matin... C'est difficile...

Je crois que c'est ça qu'il me manque... Une personne avec qui partager mes envies, mes joies et mes tristesses...

J'ai besoin de quelqu'un dans ma vie...

Sur ces dernières mots, Rubis referma le cahier. Elle resta quelques secondes à le regarder et finit par lâcher un sourire. Bien sûr elle se sentait toujours aussi seule mais coucher ses peines sur le papier lui avait fait beaucoup de bien.

Le soleil brillait dans le ciel alors elle décida de prendre l'air.

Elle se rendit aux abords du lac. Son regard se perdit dans les flots.

Les derniers mots qu'elle avait écrit lui restait en tête.

* J'ai besoin de quelqu'un dans ma vie... *

 

Allez chauffe Rubis !

Bon on va peut être s'arrêter là pour aujourd'hui...

 

 

Son cœur bat de plus en plus fort.

Tout son corps est recouvert de sueur.

Elle respire par saccades en laissant échapper de petits soupirs.

Ses muscles se contractent.

Elle se mord les lèvres.

* Ça y es presque... Encore... Encore un peu... Ne t'arrêtes pas... * 

Sa respiration est de plus en plus saccadée.

Elle n'en peut plus et pourtant elle continue... Dans une ultime contraction de son corps, elle laisse enfin échapper sa satisfaction.

- Oh oui ! Et de 100 !!!

Ravie de sa performance, Rubis se releva.

- 100 pompes ! C'est plutôt pas mal ! Je m'améliore de jour en jour !

Pour ne pas refroidir ses muscles trop brutalement, elle marcha un peu sur un tapis de course tout en s'étirant.

* Pfiooouuuu, une bonne suée ça fait du bien !  *  

Sa mélancolie d'il y a quelques semaines était passée. Même si elle n'avait toujours pas rencontré "quelqu'un", sa nature sûre d'elle avait reprit le dessus et lui interdisait de se laisser submerger par la solitude. Aussi avait-elle décidé d'occuper son temps libre entre ses amis, la musique et le sport.

A l'origine, elle pensait que les clubs de gym étaient un bon endroit pour rencontrer des personnes intéressantes et qui prennent soin d'elles mêmes. Malheureusement...

- Hey mamazelle ! T'es charmante ! Ton boule y m'rend ouf !

Elle descendit du tapis, leva les yeux et "le" vit.

C'était, encore, Don Lothario. Un mâle basique et primaire qui lui lançait des remarques graveleuses quand elle venait faire du sport.

La semaine passée, alors qu'elle faisait tranquillement son footing sur un tapis de course.

Elle avait entendu un sifflement derrière elle suivit d'un "Mmmmh ouba ouba !!". Quand elle se retourna, elle vit Don en train de zyeuter allègrement ses fesses.

Elle ne s'était alors pas gêner pour lui déverser un flot de remarques imagées sur la taille ridicule de son cerveau et sa visible parenté avec les macaques. Malheureusement, cela n'avait pas eu l'effet es-conté et n'avaient pas refroidit les ardeurs du séducteur qui revenait aujourd’hui à la charge... Au grand damne de la jeune femme.

* ... Les mecs que je peux rencontrer ici on une masse musculaire inversement proportionnelle à leur matière grise... Bandes d'abrutis...  * 

Cette fois, elle décida de jouer les indifférentes et ne prêta guère plus d'attention à ce bodybuildeur écervelé. Dans son for intérieur, elle essayait de se persuader que les hommes n'étaient pas tous comme lui. Mais les faits lui donnaient tort.

* ... Même lui là bas ! Clairement moins sculptural, j'ai pensé qu'il devait être moins obsédé par son corps...  * 

* ... Penses tu... C'est encore pire ! Il a tellement dû être brimé dans son enfance que dès qu'il a le moindre muscle qui se pointe, il se croit le plus beau et devient imbu de lui même... *

Plus elle y pensait et plus l'idée de finir avec un homme comme ceux là la révulsait.

* Je crois que je préfèrerais encore finir ma vie seule qu'avec un de ces mecs ! *

L'alarme de sa montre se mit à sonner.

* Aller... Il est l'heure de faire un peu de musique ! *

Elle rentra chez elle en footing.

 Pour prendre un petit bain avant de repartir.

Les plus observateurs auront notés l'apparition d'une salle de bain.

En effet, Rubis se donnait à fond dans son boulot depuis quelques temps, et cela avait porté ses fruits.

Résultat, elle avait pu agrandir son logement et construire enfin une vraie salle de bain.

Et même si la plomberie n'était pas encore au top...

Ne plus avoir les WC dans la chambre était un vrai luxe !

Mais revenons à Rubis qui doit avoir finit de tremper maintenant.

Comme tous les dimanches après le sport, elle se rendit au musée pour s'entrainer au piano.

Il fallait bien avouer que les pourboires qu'elle recevait étaient un plus non négligeable dans ses finances.

Cela lui permettait aussi de se faire connaître du public. Les compliments qu'on lui adressait étaient aussi très flatteurs.

- Tu joues vraiment bien Rubis !

Elle releva la tête et reconnut le jeune homme.

C'était Thomas Fontaine. Elle l'avait rencontré à Oasis Springs. Elle y était allé pour tester la salle de sport. Et aussi pour fuir Don...

Après sa séance elle avait retrouvé son amie Lisa dans un bar local.

Thomas était là et ils avaient sympathisé.

- Dis moi Rubis, ça te dirait qu'on passe un peu de temps ensemble ?

Prise au dépourvue, elle balbutia.

- Et bien euh... Oui pourquoi pas mais euh. Écoute, passe chez moi demain après le boulot. On prendra un apéro ensemble.

- Parfait, ça me va ! A demain Princesse !

* "Princesse" ?! Non mais qui lui a permit de telles familiarités ?! On rêve ! *

Mais finalement... Ses joues rosirent et un sourire se dessina malgré elle sur son visage. Ce petit surnom était quand même touchant...

...

Comme prévu, Thomas lui rendit visite le lendemain.

La discussion entre les deux allait bon train. Ils passèrent l'après midi à faire plus ample connaissance et se découvrirent quelques points communs. Notamment le fait qu'ils étaient tous les deux "sûrs d'eux".

Rubis se sentait proche de lui et voulut immortaliser ce moment.

Pris d'un élan d'affection, Thomas la serra dans ses bras.

Un peu surprise, elle se laissa faire.

- Hey Rubis... Ça te dirait pas de rentrer à l'intérieur ?....

- Pourquoi ? Tu as froid ? Il fait beau pourtant ! Répondit-elle naïvement.

- Mais non t'as pas compris ce que je veux dire... Ça te dit pas qu'on se rapproche ?

Toujours aussi naïve, elle répondit.

- Tu viens de me prendre dans tes bras, c'est déjà un joli rapprochement non ?

Agacé, il prit un ton plus cru.

- Bon pour la faire courte, j'ai envie de toi !

Elle n'en crut pas ses oreilles et resta quelques instants bouche bée.

- Mais tu délires ! On se connait à peine ! Et puis au risque d'être vieux jeu, je voudrais que ma première fois se fasse avec quelqu'un pour qui j'ai des sentiments...

Il éclata de rire puis, voyant qu'elle était sérieuse, s'énerva.

- Ne joue pas à ce jeu là avec moi ! Y a un bruit qui court en ville comme quoi tu allumes les mecs à la salle de sport ! Alors fait pas semblant de...

Sans réfléchir, le poing de Rubis partit s'écraser violemment dans le visage de cet insolent.

- Sale **** ! Lui lança-t-il en crachant une dent et du sang. Don avait raison, tu n'es qu'une garce !

- Dégage de chez moi ! Hurla Rubis alors qu'elle armait son poing pour le frapper à nouveau.

- Allez c'est bon je me casse... De toute façon t'es un laideron...

Il fallut un sang froid exceptionnel à Rubis pour se contenir et ne pas casser la figure de cet individu. Mais la violence ne résout rien, elle le savait... Et cela ne ferait que lui attirer des ennuis. Elle inspira profondément pour tenter de se calmer alors qu'il s'éloignait.

Pour se ressaisir, elle marcha plusieurs heures dans Oasis Springs. Elle avait préféré éviter son quartier pour ne pas croiser Thomas ou Don. Elle rageait à voix haute.

- Si c'est ça un "homme", je n'en veux pas ! Tous des abrutis sans cervelle dont les deux neurones opérationnels sont contrôlés par leur entrejambe... Le monde se porterait bien mieux sans eux !

- Ah là dessus, je suis bien d'accord avec vous !

Cette voix, qui l'avait interpellée, lui était inconnue. Elle appartenait à un habitant du quartier, un certain Sébastien.

- Oh vous, je vous ai pas sonné ! Quand je dirai "abruti", vous répondrez ! Mais là je vous ai pas demandé votre avis alors foutez moi la paix !

Le jeune homme resta impassible. Toujours autant énervée, Rubis tourna les talons et rentra chez elle.

Et se coucha sans avoir réussit à se calmer.

* Tous des nazes !! * Pensa-t-elle en s'endormant.